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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/521

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ÉLOGE DE M. TRONCHIN.


source sûre et une douce consolation dans tous les états de la vie, et en procurant à ce jeune étranger l’amitié des hommes les plus célèbres de l’Angleterre, dans la philosophie et dans les lettres. Plus frappés des talents personnels que du pouvoir ou du crédit, ils regardaient alors comme leur chef Bolingbroke disgracié, mais à qui la disgrâce avait laissé son éloquence, son courage et l’élévation de son caractère.

M. Tronchin se livra uniquement à l’étude ; il lut la chimie de Boerhaave, et cette lecture lui inspira le désir d’entendre Boerhaave lui-même. Il quitta donc l’Angleterre pour la Hollande, sans aucun autre projet que celui de s’instruire par les leçons d’un grand homme. Boerhaave le distingua bientôt de la foule de ses auditeurs ; et une de ces petites aventures qu’on aime à se rappeler quand des noms célèbres les ennoblissent, forma bientôt une liaison intime entre le disciple et le maître.

M. Tronchin avait une taille grande et agréable, une figure douce et noble, un front imposant et serein, de longs et beaux cheveux relevaient encore ces avantages, et il était permis, à vingt ans, d’attacher quelque prix à cette parure. Boerhaave observa un jour qu’une si belle chevelure devait faire perdre bien du temps ; on répéta cette plaisanterie à M. Tronchin, et le lendemain il parut devant Boerhaave les cheveux coupés en rond.

En 1731, M. Tronchin s’établit à Amsterdam par le conseil de Boerhaave, qui souvent lui renvoyait les malades lorsqu’ils venaient le consulter à Leyde ;