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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/523

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ÉLOGE DE M. TRONCHIN.


goûtées du public, applaudies par les philosophes et critiquées par les médecins.

En 1756, M. Tronchin fut appelé à Paris pour l’inoculation des enfants de M. le duc d’Orléans. Il avait établi cette pratique en Hollande presque sans contradiction. Dans un voyage fait à Genève, avant de s’y fixer, il avait déterminé ses parents à en donner l’exemple. Les cris élevés contre l’inoculation, même avant qu’on eût essayé de la mettre en usage, ne l’amaigrit pas empêchée de s’introduire en France, le pays peut-être où, selon la classe d’hommes que l’on observe, on peut trouver, ou le plus de raison ou le plus de préjugés. Cependant, la tendresse du prince pour ses enfants, ne lui permit de les confier qu’à M. Tronchin. Aucun incubateur, en Europe, n’était plus célèbre, aucun n’avait été si heureux. Cette inoculation réussit ; et, depuis, cette pratique utile, toujours combattue, a fait toujours des progrès.

Il serait inutile d’examiner ici les avantages d’une opération sur laquelle on trouverait difficilement à dire des choses nouvelles, et de discuter une cause que la voix de l’Europe paraît avoir jugée. Nous nous bornerons à observer ce qui paraît distinguer la méthode M. Tronchin. Il était persuadé qu’on ne mourait point de l’inoculation ; et si on en excepte un seul exemple qu’il faut rapporter à la terreur excessive de la petite vérole naturelle, jamais aucun malade, inoculé par ses conseils et traité par lui, n’a perdu la vie. Mais il prenait les plus grandes précautions pour s’assurer que le sujet était parfai-