surtout dans ces temps antiques que l’ignorance ou
l’envie s’efforce d’admirer. Les militaires sont peut-être la classe de la société où les progrès de ce sentiment d’humanité ont été les plus sensibles. Si l’on
veut trouver des hommes qui aient conservé toute la
barbarie antique au milieu de l’adoucissement des
mœurs de leur siècle et de leurs concitoyens, ce n’est
pas dans les camps qu’il faut les chercher, ce n’est point parmi les guerriers, qui n’attaquent la vie des autres qu’en prodiguant la leur ; c’est parmi ceux qui frappent leurs victimes de sang-froid et sans danger, et
qui exercent des rigueurs auxquelles ils se croient
sûrs de n’être jamais exposés.
En 1745, M. Pringle fut nommé médecin en chef des armées britanniques, et repassa en Angleterre pour remplir ses fonctions auprès des troupes destinées à combattre le prince Édouard ; elles restèrent en campagne pendant le mois de décembre, et cependant elles souffrirent peu. Une société de quakers leur avait fait distribuer des gilets. Depuis environ un siècle et demi, il n’y a pas eu, dans l’histoire d’Angleterre, un événement important où ces hommes pacifiques n’aient donné quelque exemple éclatant de bienfaisance ou de générosité ; et, parmi tant de sectes qui ont désolé la terre en déshonorant la raison humaine, celle des quakers a été la seule jusqu’ici où le fanatisme ait rendu les hommes meilleurs, et surtout plus humains.
La place qu’occupait M. Pringle est peut-être la plus pénible et en même temps la plus brillante qu’un médecin puisse remplir. Au milieu de la dé-