ensevelies sous la terre. Il fallait assigner la place
qu’ont occupée sur le globe, des nations dont il ne
reste plus que le souvenir ; marquer les limites
d’États détruits depuis un grand nombre de siècles ;
suivre ces limites au milieu de toutes les révolutions
politiques ; reconnaître leurs capitales, qui, démolies
par des conquérants, rebâties pour être détruites
encore, changeant quelquefois de nom comme d’habitants
ou de maîtres, semblent se dérober à toutes
les recherches.
Enfin, outre les fautes et les contradictions des écrivains dans le peu de détails qu’ils fournissent, on a encore à combattre les fables des siècles d’ignorance, les traditions fausses accréditées par la vanité des nations ou des villes, et les erreurs des savants antérieurs à l’époque où la saine critique a pris naissance. Tels étaient les obstacles que M, d’Anville avait à vaincre ; une mémoire prodigieuse, une ardeur infatigable pour l’étude, cet art qu’il avait de saisir dans toutes les combinaisons possibles les résultats les plus vraisemblables, l’en firent triompher ; mais il ne nous appartient point d’apprécier cette partie de son mérite. L’Académie des belles-lettres, occupée de l’étude de l’antiquité dont elle a dans plus d’un genre percé les ténèbres, l’a choisi pour un de ses membres. Les recueils publiés par elle renferment un grand nombre de ses dissertations, et c’est dans l’éloge qu’elle lui a décerné que nous devons apprendre à le juger comme érudit. Nous nous arrêterons seulement à une remarque singulière : c’est que souvent il trouva dans l’étude des anciens