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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/553

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ÉLOGE DE M. D’ANVILLE.


des lumières utiles pour la géographie de notre temps. Une partie des corrections importantes qu’il fit dans la carte d’Italie sont dues, non aux observations modernes, mais à la lecture des auteurs grecs ou romains. L’Italie, qui produisit des poètes, dignes rivaux de ceux de l’antiquité, dans un temps où les autres nations de l’Europe n’avaient que des chansons grossières ; qui parlait une langue déjà fixée lorsque les autres peuples n’avaient encore que des jargons sans règle comme sans noblesse ; qui créa l’analyse mathématique dans un siècle où les éléments des sciences étaient inconnus au reste de l’Europe, l’Italie n’avait pas également cultivé la géographie : partagée en petits États longtemps troublés par des révolutions et par la guerre, les travaux tranquilles qui demandent la protection suivie d’un gouvernement paisible y avaient été négligés ; il semblait que ses habitants eussent dédaigné de connaître une terre disputée par des maîtres étrangers. Depuis la publication de la carte de M. d’Anville, on a fait en Italie des travaux géographiques bien combinés, et dont le résultat s’est trouvé conforme à ce qu’il avait deviné ; triomphe le plus grand qu’un géographe puisse obtenir : et M. d’Anville l’a obtenu plus d’une fois. Ceux qui ont parcouru ou même mesuré les pays qu’il a décrits ont été souvent surpris d’une précision à laquelle il paraissait impossible que de simples conjectures pussent atteindre. Tel est le témoignage que lui a rendu en particulier M. le comte de Choiseul, qui, entraîné par un goût éclairé pour l’antiquité et pour les arts, a