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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/556

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ÉLOGE DE M. D’ANVILLE.


avait appris, par ses propres observations, à bien juger de celles des autres ; ou qu’au moins la connaissance de la géométrie lui était familière : cependant M. d’Anville n’avait pas voyagé ; il savait très-peu de géométrie, et moins encore d’astronomie.

Lorsque la question de l’aplatissement de la terre partageait les astronomes, M. d’Anville essaya de la résoudre par les connaissances géographiques alors acquises : son ouvrage était intitulé : Mesure conjecturale de la terre sous l’équateur ; et son résultat fut contraire à ce que donnèrent les observations astronomiques. Il ne faut pas s’en étonner : la différence des degrés est beaucoup plus petite que l’erreur d’une méthode fondée sur la critique des observations d’après lesquelles M. d’Anville avait été obligé de chercher la détermination la plus probable ; et on ne doit regarder cet ouvrage que comme un essai qui constate les bornes de l’exactitude à laquelle on peut espérer d’atteindre en géographie, lorsque cette science est privée du secours des mesures rigoureuses.

L’Académie des belles-lettres avait élu M. d’Anville non-seulement comme un géographe très-savant, mais comme un des hommes de l’Europe qui avaient l’érudition la plus profonde et la critique la plus sûre.

Celle des sciences le nomma, en 1773, à la place d’adjoint-géographe, la seule qui y ait été créée pour cette science ; et quoique M. d’Anville eût traité la géographie plus en érudit qu’en astronome ou en géomètre, elle crut devoir ce titre à celui que toutes