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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/56

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ÉLOGE DE DUCLOS.


lui aurait toujours manqué les théories chimiques qui n’étaient pas créées de son temps, et son analyse végétale ne pouvait qu’être imparfaite.

Les eaux minérales se chargent de toutes les matières dissolubles dans l’eau qui peut se trouver dans le sein de la terre. La même eau peut contenir toutes celles qui peuvent rester dissoutes ensemble sans se précipiter ; et comme ces eaux traversent des mixtes dont la composition est inconnue ; comme elles agissent en grandes masses, et que la nature les a préparées lentement, elles peuvent tenir en dissolution des matières que nous ne croyons indissolubles dans l’eau que faute de connaître un intermède convenable, et de pouvoir donner à nos expériences la lenteur et l’étendue nécessaires.

L’analyse des eaux minérales est donc, ainsi que celle des mines, une des opérations les plus difficiles de la chimie ; mais elle a été bien perfectionnée. Il semble que l’avarice ait été chez les hommes une passion encore plus forte que l’amour de la vie.

Le gouvernement donna à l’Académie naissante la facilité de faire l’analyse des eaux de toute la France ; mais la chimie n’était pas encore assez avancée pour que ce travail pût être d’une utilité réelle. On connaissait trop peu de matières salines, et on les connaissait trop mal ; enfin on avait observé lui trop petit nombre des phénomènes qu’offre leur action réciproque. La décoction de noix de galle, qui sert à découvrir la présence du fer ; la dissolution du sublimé corrosif, qui produit un précipité dans les