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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/564

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ÉLOGE DE M. BORDENAVE.


chirurgien avant lui n’avait été élevé à cette place. Les échevins, représentants et protecteurs du peuple, exercent un ministère qui ressemble plus à l’autorité paternelle qu’à une magistrature. Ce peuple, dont ils sont les chefs, semble leur dire : « Condamnés à travailler pour vivre, nous ne pouvons ni défendre nos intérêts, ni souvent même les connaître, mais vous y veillerez pour nous Nous savons que des fléaux de toute espèce sont la suite nécessaire delà réunion d’un trop grand nombre d’hommes dans une seule ville, et nous ignorons les moyens de nous en garantir ; mais votre sagesse saura prévoir ces fléaux ou les détourner. Dépositaires de fonds consacrés aux besoins ou au bienêtre du citoyen, vous empêcherez que ce patrimoine du pauvre ne soit employé à satisfaire le goût frivole des riches, ou à les dispenser de payer leurs plaisirs. Des hommes éclairés s’occupent en silence des moyens de faire le bien, ou du moins de soulager le mal ; nous n’avons ni les facultés, ni même l’instruction nécessaires pour profiter de leurs travaux ; mais vous les appellerez, vous les écouterez, vous pèserez leurs projets, et rien de ce qu’on inventera d’utile pour nous ne pourra échapper à vos lumières. Souvent l’avidité d’un charlatan prend le masque du zèle pour le bonheur public ; et si l’on nous fait du mal, c’est toujours notre bien qui en est le motif ou le prétexte ; mais vous saurez aussi nous défendre de ces pièges. Ce n’est plus, à la vérité, par notre choix que vous êtes appelés à nous protéger ; mais la forme de