lui déplaire : sans doute il fallait que ce sentiment
fût bien vif, pour qu’un homme, jouissant d’une
considération méritée, voulůt bien se donner un
tort à réparer, et se soumettre à ce que peut avoir
de terrible le mécontentement d’un corps qui croit
ses droits blessés par un de ses membres. D’ailleurs,
et en cela M. Bordenave ne s’est pas trompé, il rendait
à l’Académie la justice de croire que son ressentiment
n’était pas aussi à craindre que le serait
celui d’une compagnie qui, formée d’hommes sans
lumières, et par conséquent dominés par l’esprit de
corps, ne se laisserait désarmer ni par Je zèle ni
par les services, et dont la haine serait d’autant plus
implacable, qu’elle aurait un motif plus frivole ou
plus injuste, et que l’objet de cette haine aurait
plus de vertus ou de talents.
Devenu académicien, M. Bordenave a donné dans nos recueils plusieurs observations chirurgicales et deux mémoires, l’un sur le mouvement des côtes pendant la respiration, l’autre sur la nécessité d’ouvrir les femmes mortes dans l’état de grossesse.
On a observé, en effet, que souvent l’enfant survivait assez longtemps à la mère, et que cette opération pouvait le sauver : il est aisé de sentir combien cette question est délicate, et qu’il ne faut pas s’exposer à commettre un crime, dans l’espoir incertain de prolonger de quelques instants ou de quelques années l’existence d’un individu que rien n’attache encore à la vie.
M. Bordenave était échevin de Paris, et aucun