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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/588

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ÉLOGE DE M. BERNOULLI.


finesse et d’esprit ; car il est impossible de se défendre d’employer, en parlant de lui, cette expression, qui paraît si étrangère aux objets qu’il traite.

Il partagea en 1747, avec un anonyme, un prix sur la manière de connaître l’heure à la mer lorsqu’on n’aperçoit pas l’horizon. On trouve dans sa pièce d’excellentes observations sur les moyens d’assurer la régularité des horloges, dont le régulateur est ou un pendule ou un balancier à ressort. L’auteur y développe ce paradoxe singulier, que sans la résistance de l’air, le poids ou le ressort que l’on emploie augmenterait sans cesse les oscillations du balancier ou du pendule ; et que cette résistance, qui, à d’autres égards, nuit à la régularité du mouvement, est en même temps la véritable cause de la possibilité d’obtenir un mouvement régulier. Proposer de connaître l’horizon lorsqu’on ne peut l’observer, et que tous les corps placés sous nos yeux, agités avec le vaisseau, ne peuvent conserver une direction constante, c’est, au premier coup d’œil, proposer une chose rigoureusement impossible ; mais rien ne l’était à la sagacité de M. Bernoulli. Il part d’un principe général qu’il rappelle souvent dans ses ouvrages, et qu’il fonde sur la théorie comme sur l’expérience. Les mouvements alternatifs irréguliers, imprimés à un certain nombre de corps qui se communiquent, tendent à une sorte de régularité, et finissent par se résoudre en un système de mouvements isochrones et simultanés qui subsistent sans se nuire ; ce phénomène est la suite des règles du mouvement, et l’on voit avec quelque sur-