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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/603

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ÉLOGE DE M. DE MONTIGNI.


original de toutes ses productions avait placé, malgré le petit nombre de ses ouvrages, au rang des hommes de génie. Ces liaisons augmentèrent le goût de M. de Montigni pour l’étude ; et en 1740 l’Académie le nomma à une place d’adjoint dans la classe de mécanique : mais il devait bientôt être enlevé à l’Académie et à ses travaux. L'abbé de Ventadour, avec lequel il avait été lié au collège, lui proposa de l’accompagner dans son voyage d’Italie, où il allait assister à l’élection du pape, en qualité de conclaviste du cardinal de Rohan son oncle : M. de Montigni accepta cette proposition. Il crut que le spectacle d’un conclave pouvait intéresser un philosophe ; qu’il ne perdrait pas le temps qu’il emploierait à étudier les mœurs des descendants dégénérés des Catons, des Antonins, et à observer les chefs-d’œuvre des arts modernes, s’élevant sur les ruines des chefs-d’œuvre de l’antiquité. Il vit l’installation de ce pape Benoit XIV, que sa modération et sa sagesse ont rendu si respectable aux nations même de l’Europe auprès desquelles le titre de souverain pontife était un préjugé qu’il ne pouvait vaincre que par ses vertus personnelles.

Il parcourut ensuite Naples, la Sicile, Venise, la Lombardie, observant les gouvernements et les mœurs, les productions des arts et les antiquités, les beautés de la nature et les phénomènes qu’elle présente en foule dans ce pays, théâtre imposant de tant de révolutions dans le physique comme dans l’histoire.

La connaissance île la langue italienne, celle des