pareil, que de se sauver seul. Arrivés en France, tous deux entrèrent au service ; mais M. Holker vit bientôt que si le zèle pour sou prince avait fait de
lui un soldat, la nature l’avait formé pour d’autres
occupations : il fit proposer à M. Trudaine de l’employer
à établir en France quelques branches d’industrie
que l’Angleterre possédait seule ; à en perfectionner
d’autres où la France avait une infériorité
qui l’excluait de la concurrence. C’était se venger de
la patrie qui l’avait proscrit en servant celle qui l’avait adopté, ou plutôt en servant l’humanité entière ;
car tout secret dans les arts, arraché à la politique
fausse et mercantile d’un pays, est dans la
réalité un service rendu à toute l’espèce humaine.
M. Holker ne savait pas le français, et M. Trudaine ignorait la langue anglaise ; il chargea M. de Montigni d’examiner ces projets, dont il sentait toute l’utilité et toute l’importance. Nous n’entrerons point ici dans le détail de tous les travaux que M. de Montigni fut obligé défaire, et pour s’instruire des vues de IM. Holker, et pour en suivre l’exécution lorsqu’elles furent adoptées. Nous nous bornerons à dire qu’on doit à leurs travaux réunis, nos manufactures de draps et de velours de coton ; l’usage des cylindres pour calandrer les étoffes ; une meilleure méthode de leur donner l’apprêt auquel elles doivent leur lustre ; la perfection actuelle de nos quincailleries et de nos fabriques de gaze ; enfin l’établissement des machines à carder et à filer les cotons et les laines ; machines utiles pour l’économie du travail et de la dépense, comme pour les