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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/613

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ÉLOGE DE M. DE MONTIGNI.

Tels ont été les principaux objets qui ont rempli la vie de M. de Montigni. Il avait été nommé commissaire du conseil pour le département du commerce : cette place, créée en 1735 pour M. Dufay, de cette Académie, a pour objet d’attacher à l’administration un savant qui, instruit de la partie scientifique des arts et de la partie des sciences qui s’applique immédiatement à l’utilité publique, puisse éclairer les administrateurs, auxquels les fonctions importantes dont ils ont été chargés dès leur jeunesse ne permettent pas toujours d’acquérir ces connaissances, qu’autrefois même ils ont paru quelquefois regarder comme inutiles. Souvent les questions qu’il faut résoudre sont trop peu importantes, ne sont pas susceptibles d’une décision assez précise, n’appartiennent pas assez directement aux sciences, et sont mêlées à trop de considérations étrangères, pour que l’avis d’un corps de savants puisse les décider. Quelquefois même, dans les affaires plus importantes, il faut avoir des connaissances plus étendues pour déterminer quelle est précisément la question sur laquelle on doit consulter une compagnie savante, pour juger si celte question mérite son examen, si elle n’est pas déjà décidée, ou par cette compagnie même, ou par l’accord de tous les hommes éclairés. Celui qui exerce cette place de commissaire du conseil est, en quelque sorte, un intermédiaire entre les savants et les administrateurs ; il doit parler également le langage des lois et celui des sciences. La conduite de M. de Montigni a prouvé qu’il avait su remplir cette fonc-