on trouve des principes constants ; une foule de
méthodes offrent au génie une source inépuisable
de moyens. Si un savant se propose une question
nouvelle, il l’attaque avec les forces réunies de tous
ceux qui l’ont précédé. Il n’en est pas ainsi de la
mécanique : sa véritable théorie dépend de cette
géométrie de situation dont Leibnitz a connu
l’existence, mais qui n’a fait encore que peu de
progrès. Aucun livre élémentaire ne contient les
principes de la science ; aucun ne peut même en
apprendre l’histoire ; les ateliers des arts, les recueils des machines montrent ce qui a été fait ;
mais, pour en tirer des résultats, il faut soi-même
les former ; pour entendre une machine, il faut la
deviner : telle est la cause qui rend le talent pour la
mécanique si rare, et surtout si prompt à s’égarer ;
voilà pourquoi il ne se présente presque jamais sans
montrer à la fois la hardiesse et les écarts qui, dans
l’enfance des sciences, caractérisent le génie.
M. de Vaucanson était à l’abri de ces écarts par son éducation, qui lui avait donné assez de connaissances pour l’en préserver, et par son caractère qui le rendait incapable d’un faux enthousiasme et d’une vaine présomption.
En 1740, il fut appelé par un jeune roi qui venait de monter sur le trône, et que, depuis, ses victoires, son génie pour la guerre, son zèle pour les progrès de la raison, et ses ouvrages, ont mis au rang de ces hommes dont un seul suffit pour illustrer le siècle qui l’a produit. Ce prince eût voulu rassembler dans ses États tous les hommes illustres disper-