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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/669

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ÉLOGE DE M. DE VAUGANSON


suffisantes de son génie, et il ne restait plus à désirer aux hommes éclairés que de le voir en faire un usage utile.

On se forme en général des idées bien peu exactes de l’espèce de talent qui constitue un véritable mécanicien ; ce n’est point un géomètre qui, approfondissant la théorie du mouvement et l’ordre des phénomènes, crée des principes nouveaux de mécanique, ou découvre dans la nature des lois inconnues ; ce n’est pas même le physicien-géomètre qui, joignant la science de l’observation et de l’expérience à celle du calcul, fait de ces connaissances une application utile à la construction des machines ou aux travaux des arts.

Un mécanicien est celui qui tantôt applique aux machines un moteur nouveau, tantôt leur fait exécuter des opérations qu’on était obligé, avant lui, de confier à l’intelligence des hommes, ou sait obtenir d’une machine des produits plus abondants et plus parfaits. Le génie, dans cette partie des sciences, consiste principalement à imaginer et à disposer dans l’espace les différents mécanismes qui doivent produire un effet donné, et qui servent à régler, à distribuer, à diriger la force motrice. Il ne faut point regarder un mécanicien comme un artiste qui doit à la pratique ses talents ou ses succès. On peut inventer des chefs-d’œuvre eu mécanique sans avoir fait exécuter ou agir une seule machine, comme on peut trouver des méthodes de calculer les mouvements d’un astre qu’on n’a jamais vu.

Dans la plupart des autres parties des sciences.