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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/677

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ÉLOGE DE M. DE VAUGANSON


peut ni l’accuser d’avidité, ni reprochiez à son pays de l’avoir négligé.

M. de Vaucanson était entré à l’Académie en 1746 ; il a donné dans nos recueils plusieurs mémoires sur son moulin à organsiner, et la description de quelques autres mécanismes utiles aux arts.

Il possédait à un degré très-rare le talent de décrire les machines avec clarté et précision. Ses descriptions, lors même qu’elles ne sont point accompagnées de planches, sont intelligibles pour quiconque a des idées de mécanique, et jamais la maxime : Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement, n’a été plus vraie que pour lui.

M. de Vaucanson avait un coup d’œil sur dans le jugement des machines, et rarement ce premier coup d’œil le trompait. Il avait droit d’être difficile, et il s’exprimait avec sincérité. Aussi se plaignait-on souvent de son jugement ; et comme l’érudition en ce genre est très-rare, que les principes de cette partie de la mécanique n’existent, comme nous l’avons dit, que dans la tête des mécaniciens célèbres, qu’enfin la discussion des avantages que peut avoir une machine nouvelle dépend d’une foule d’observations fines qui ne peuvent être suggérées que par l’habitude de voir et même de faire des machines, cette partie des sciences est une de celles où les jugements des savants sont le moins respectés. D’ailleurs, la plupart des mécaniciens, ceux même qui sont nés avec du génie, ignorent les lois de la mécanique et les principes de physique ; ils regardent la découverte qu’ils croient avoir faite, comme la base