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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/684

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ÉLOGE DE M. HUNTER.


reconnaît deux substances d’une organisation différente, l’une réticulaire, l’autre glanduleuse : cette dernière, destinée à contenir la graisse, est munie des vaisseaux qui la portent dans ses réservoirs, et des organes où s’en fait la sécrétion ; mais c’est la première qui seule est le véritable siège de l’hydropisie.

Après avoir pratiqué la chirurgie pendant quelques années, par nécessité, et avec un dégoût que jamais il n’eut le courage de vaincre, M. Hunter se livra principalement à la pratique des accouchements, et bientôt il n’eut qu’un rival à Londres. Heureusement pour sa fortune, ce rival, M. Smellie, n’avait pas joint à ses talents l'art de se rendre agréable à un sexe qui, accoutumé au langage de la flatterie, est étonné d’entendre celui de la vérité, même dans la bouche de son médecin, voudrait qu’il s’occupât de plaire encore plus que de guérir, et sans doute est excusable de le vouloir, car les défauts des femmes sont l’ouvrage des hommes, comme les vices des nations sont le crime de leurs tyrans.

On craignait le docteur Smellie ; on attendait, pour l’appeler, que son secours fût absolument nécessaire, c’est-à-dire qu’il fut inutile. Il avait donc rarement des choses consolantes à dire, et on l’en craignait encore davantage ; aussi n’eut-il jamais une pratique étendue dans ce qu’on appelle la bonne compagnie, et il fut très-heureux, pour les dames anglaises, que M. Hunter unît à une habileté pour le moins égale, la douceur et les agréments dont I austère et savant Smellie avait été privé.