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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 2.djvu/689

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ÉLOGE DE M. HUNTER


d'idées dans son cabinet que dans ses livres, doit craindre encore pins de voir les antres s’approprier des découvertes qu’ils peuvent plus aisément n’avoir pas connues, et dont il leur est plus permis de paraître ignorer le premier auteur.

Au mois de mars 1783, M. Hunter fut tourmenté par une goutte vague ; cependant il voulut, le 20, faire une leçon d’opérations chirurgicales ; mais il se trouva mal et ne put l’achever ; deux jours après il avertit ses médecins qu’il croyait avoir éprouvé la nuit une attaque de paralysie. Sa conjecture se trouva vraie ; l’attaque avait porté sur les intestins, et il mourut le 30 avec une tranquillité peu commune. Si je polluais encore tenir nui plume, disait-il à son ami M. Combe, peu d’instants avant sa mort, j’écrirais combien il est facile et doux de mourir.

Il a laissé un frère, M. Jean Hunter, d’abord son élève, longtemps son compagnon d’études, et enfin son rival : c’est par les conseils et d’après les vues de son frère, que M. Jean Hunter s’est livré à ces belles recherches sur la position des testicules dans le fœtus, qui lui ont acquis une si juste célébrité. L’union des deux frères fut altérée par une dispute, il y a quelques années ; l’amitié reprit ensuite ses droits, mais sans cette douce intimité qui ne revient jamais lorsqu’une fois elle s’est perdue ; cependant, puisque cette dispute a été malheureusement connue du public, il est consolant de pouvoir dire que, dans sa dernière maladie, M. Hunter reçut avec reconnaissance les soins de son frère, et lui donna des marques de confiance qu’on ne peut regarder