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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/121

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ÉLOGE DE M. D’ALEMBERT.


caractère, de servir de modèle à ceux qui cultivent les sciences, et d’exemple aux philosophes qui cherchent le bonheur ; ami constant de la vérité et des hommes ; fidèle jusqu’au scrupule aux devoirs communs de la morale, comme aux devoirs que son cœur lui avait prescrits ; défenseur courageux de la liberté, et de l’égalité dans les sociétés savantes ou littéraires dont il était membre ; admirateur impartial et sensible de tous les vrais talents ; appui zélé de quiconque avait du mérite ou des vertus ; aussi éloigné de toute jalousie que de toute vanité ; n’ayant d’ennemis que parce qu’il avait combattu des partis, aimé la vérité et pratiqué la justice ; ami assez tendre pour que la supériorité de son génie, loin de refroidir l’amitié en blessant l’amour-propre, ne fît qu’y ajouter un charme plus touchant, il a mérité de vivre dans le cœur de ses amis, comme dans la mémoire des hommes.

Il s’est assuré que ses vues de bienfaisance seront exécutées après lui ; que les ouvrages qu’il laisse, disposés par lui-même dans le plus grand ordre, seront donnés au public, à l’utilité duquel il les a consacrés, et il a confié ses dispositions à trois de ses amis : l’un [1], son confrère à l’Académie française, distingué par des ouvrages ingénieux et utiles, par son goût éclairé pour les arts, par un caractère aimable et solide, était uni avec lui par une amitié de trente ans, qui avait toujours été sans nuage ; un autre[2], magistrat d’une cour souveraine,

  1. M. Vatelet.
  2. M. Rémi.