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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/123

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ÉLOGE DE M. DE TRESSAN.


de l’ordre de Saint-Lazare, l’un des quarante de l’Académie française, associé libre de celle des sciences ; de la Société royale de Londres ; des Académies de Berlin et d’Édimbourg, naquit au Mans, le 4 novembre 1705, de François de la Vergne-Tressan et de Madeleine Brulart de Genlis.

La maison de la Vergue était établie en Languedoc, lorsque Simon de Montfort, à la tête d’une troupe de brigands que l’amour du pillage et le fanatisme rassemblaient sous sa bannière, vint convertir et ravager cette belle province. Les la Vergne, fidèles à leur prince, Raimond, comte de Toulouse, prirent avec lui la défense de son peuple : mais la férocité l’emporta sur le courage, plus de trois cents mille habitants, paisibles et désarmés, furent la proie des soldats et des bourreaux, tandis que les biens et les titres de ceux qui avaient voulu les défendre devinrent la récompense de leurs assassins.

Les la Vergne abandonnèrent leurs possessions et leur patrie : heureusement qu’un siècle après, un cardinal de la Vergne, archevêque de Sens, répara le mal que les légats d’Innocent III avaient fait à sa famille, et acheta la terre de Tressan, dont une des branches de la Vergne a depuis toujours porté le nom.

Cette branche embrassa, au seizième siècle, la religion réformée ; à la bataille de Jarnac, la Vergne, suivi de vingt-cinq de ses neveux, défendit longtemps le prince de Condé blessé et abandonné de son armée : quinze de ces braves chevaliers y périrent ; la plupart des autres furent blessés et faits prisonniers.