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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/124

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ÉLOGE DE M. DE TRESSAN.


La Vergne, ami de Coligni, le suivit au mariage de Henri IV ; mais, plus défiant que l’amiral, parce qu’on employait moins d’artifices pour le tromper, il prévit la trahison que l’on tramait contre son parti, rassembla chez lui les gentilshommes qui l’avaient suivi à la guerre, arma ses domestiques, se précautionna contre une surprise, et au premier bruit du massacre, fit monter sa troupe à cheval, chargea celle des meurtriers qui entouraient déjà sa maison, les dispersa, et courut se réfugier dans ses terres. Ainsi, par sa prudence et sa valeur, il sut échapper à cette horrible conspiration d’un roi contre son peuple, attentat dont on ne saurait trop souvent rappeler la mémoire, pour apprendre aux rois quels crimes ils s’exposent à commettre, et aux peuples, à quels malheurs ils doivent s’attendre, lorsqu’ils n’ont pas la sagesse d’étouffer les premiers cris du fanatisme sous le poids du mépris et de la risée publique.

Le fils de la Vergne, digne de son père, commanda l’infanterie de l’aile droite à la bataille d’Ivry, et y reçut trois blessures ; il eut pour fils François de Tressan, bisaïeul de celui dont nous faisons ici l’éloge ; Louise de Monteinard sa femme était dans Béziers, lorsque le duc de Montmorency son parent y fut assiégé ; elle demanda au commandant de l’armée du roi, ou plutôt du cardinal de Richelieu, la liberté de sortir de la ville, l’obtint, et emmena avec elle dans sa voiture, le duc de Montmorency, caché sous son vertugadin. Le cardinal ne put s’empêcher de louer hautement cette action, qui lui enlevait ce-