Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
123
ÉLOGE DE M. WARGENTIN.


jours ; ce désintéressement sans faste qui touche les âmes généreuses, et gagne si bien les autres en leur ôtant la crainte de la concurrence ; enfin, ce désir d’être utile, qui, se marquant dans les plus petites choses, annonce ce qu’on doit en attendre dans les occasions plus importantes : telles furent les qualités qui méritèrent à M. Wargentin l’estime générale et l’amitié de ses confrères.

En 1759, on érigea un observatoire à Stockholm, sur une hauteur à l’extrémité d’un faubourg ; il était naturel qu’on en offrît la direction à M. Wargentin ; on lui proposa de s’y établir, et il y consentit : il savait qu’entouré des objets qui l’intéressaient le plus, sa famille, ses instruments et ses livres, il trouverait la solitude et la paix ; et il y resta jusqu’à la fin de sa vie.

Il était membre d’une commission chargée de rassembler tous les détails relatifs à la population de la Suède, à la durée de la vie des hommes, à l’influence des différentes causes de mortalité, à la connaissance exacte de la culture et des productions, en un mot, à tous les faits d’économie politique que l’on peut avoir intérêt d’observer dans un grand royaume : on avait cru en Suède, qu’un mathématicien habile pouvait, lorsqu’il s’agissait de prononcer sur des résultats de calculs, siéger à côté des membres de l’administration ; et qu’une sage politique pouvait conseiller d’honorer les savants, et non de les tenir dans une dépendance qui repousse les vrais talents ou qui les rend inutiles.

Les registres de ce bureau lui ont fourni le sujet