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ÉLOGE DE M. WARGENTIN.


de plusieurs mémoires intéressants, qui sont insérés dans les recueils de l’Académie de Stockholm, et il avait rassemblé le résultat de tous ces travaux en ce genre, dans un grand ouvrage qu’il n’a pas eu le temps de publier. La sagacité dont M. Wargentin a donné une preuve si éclatante, précisément dans l’art de déduire des observations leurs résultats généraux, doit faire désirer que l’on ne soit pas privé d’un travail si utile pour son pays, et peut-être pour l’Europe entière ; il faut même former des vœux pour que cet établissement, honorable à la Suède qui a donné l’exemple, soit imité par les autres peuples, et assure enfin à des connaissances dont dépend essentiellement le bonheur des hommes, une base à la fois moins incertaine et plus précise.

Comme secrétaire de l’Académie de Stockholm, M. Wargentin a fait plusieurs discours et quelques éloges d’académiciens ; ses compatriotes sont les seuls juges compétents du mérite de cette partie de ses travaux, et ils lui accordent celui d’avoir connu le véritable style de ce genre d’ouvrage, d’y avoir été toujours simple et noble, élégant et naturel, d’avoir enfin mérité une place parmi les premiers écrivains de sa nation.

Environ un an avant sa mort, sa santé avait commencé à dépérir, de manière à laisser peu d’espérance ; il apprit alors que l’Académie des sciences de Paris lui avait donné une de ses huit places d’associés étrangers, et qu’ainsi il ne mourrait point sans avoir obtenu ce qui avait fait l’objet le plus vif de son ambition littéraire. Son désintéressement ne lui