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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/162

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


cette méthode, l’impossibilité d’en faire usage ailleurs que dans un laboratoire, par des moyens lents, coûteux et pénibles. M. Bergman avait su vaincre cette difficulté en inventant cette analyse au chalumeau ; et aujourd’hui le minéralogiste, armé de cet appareil portatif, peut, au sein des mines, sur le sommet des montagnes, au fond des souterrains creusés par la nature, tout analyser et tout reconnaître.

Dans un mémoire sur la cristallisation, publié en 1773, M. Bergman montra comment d’une forme primitive très-simple peuvent naître des formes de cristaux qui, au premier coup d’œil, n’ont aucun rapport avec la forme génératrice, et comment la dissection de ces cristaux, l’examen des coupes qu’on peut y faire avec plus ou moins de facilité, apprennent à reconnaître cette figure primitive et les lois plus ou moins simples d’après lesquelles elle a déterminé la production des cristaux différents. Ce mémoire n’est qu’un simple essai, c’est la première esquisse d’une théorie nouvelle ; mais cette esquisse est l’ouvrage d’un grand maître. M. l’abbé Haüy s’occupait, de son côté, des mêmes objets à peu près dans le même temps, mais avec plus de suite, et c’est à lui que doit appartenir la gloire d’avoir établi cette théorie qui manquait aux sciences naturelles.

Un des derniers ouvrages de M. Bergman est un savant traité sur les attractions électives. Nous entrerons dans un détail plus long sur cette théorie, qui est à la fois le fondement de la chimie et le point