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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/163

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


par lequel elle se lie le plus à la physique, et doit un jour s’unir aux sciences mathématiques ; union dont les recherches sur les phénomènes de la cristallisation peuvent nous faire espérer que l’époque n’est pas aujourd’hui très-éloignée.

M. Geoffroy, de cette Académie, paraît être le premier qui ait imaginé de réduire à quelques règles générales les phénomènes observés constamment dans les opérations chimiques. On appelait alors affinité la force inconnue, en vertu de laquelle deux substances s’unissent et forment une combinaison. Si une troisième substance détruit cette première combinaison pour en former une nouvelle avec un de ses principes, on disait qu’elle avait avec ce principe une affinité plus grande que le second principe qui en avait été séparé par elle. M. Geoffroy imagina de donner une table qui contenait, pour les substances les plus importantes ou les plus connues, l’ordre de la force d’affinité, suivant laquelle les autres y adhèrent. C’était d’après les observations que cette table avait été formée ; elle était comme le précis des résultats que l’on en pouvait tirer ; elle réduisait à un petit nombre de faits simples et généraux la masse déjà très-grande des faits chimiques : elle pouvait servir à donner l’explication de plusieurs phénomènes nouveaux, c’est-à-dire, à montrer leur accord avec les faits déjà connus. Cette table eut le succès que méritait une idée si ingénieuse, et depuis ce temps il n’est presque pas de chimiste célèbre qui, dans ses leçons ou dans ses ouvrages, n’ait donné la table des affinités de