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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/169

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


que dans les établissements littéraires, toutes les institutions devraient avoir pour but d’y maintenir la paix, et de dispenser leurs membres de toute occupation étrangère aux sciences, la constitution de cette université oblige les professeurs à des soins qui peuvent les écarter ou les dégoûter de leurs fonctions, et inspire aux autres corps de l’État, aux personnes puissantes, le désir de s’y faire des créatures, d’y avoir de l’influence. Ses membres pourraient être tentés quelquefois d’oublier que ce n’est pas leur intérêt, mais l’intérêt commun des citoyens, qui a été l’objet de leur établissement ; et de sacrifier leur véritable devoir, le zèle pour le progrès des sciences, à cet esprit de corps aussi méprisable dans son principe, moins raisonnable dans ses motifs que l’intérêt personnel, mais plus audacieux dans ses excès, et moins susceptible d’être contenu par l’honneur ou parla crainte. Chef de cette université, alors partagée en deux grands partis, celui des théologiens unis aux jurisconsultes, et celui des physiciens, M. Bergman ne s’occupa que de maintenir entre eux l’union, l’égalité même, quoiqu’il eût contribué plus que personne à faire pencher la balance du côté du parti trop longtemps le plus faible ; et l’époque de sa magistrature est remarquable dans les fastes de ce corps, par le petit nombre d’affaires et de délibérations que présentent les registres. Elle le fut aussi par la sagesse de la conduite des écoliers ; ils sont en grand nombre, presque tous au-dessus de l’enfance et dans le premier âge des passions : souvent ils avaient éludé ou bravé la sévérité