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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/168

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ÉLOGE DE M. BERGMAN.


avoir dans ces systèmes d’autre mérite que la facilité de les faire, jointe à celle de les abandonner. Il croyait en même temps qu’en les envisageant comme de simples plans d’expériences ou d’observations, ils peuvent avoir quelque utilité : d’ailleurs, ils servent de cadre pour arranger les faits sous un ordre plus frappant ; en parlant à l’imagination, ils soutiennent une attention faible, que lasserait une suite non interrompue de discussions et de faits ; et à cet égard ils sont en quelque sorte, dans les sciences, ce que sont dans la littérature ces romans de morale ou de politique, destinés à rendre l’instruction plus agréable et plus facile.

Les événements de la vie de M. Bergman sont peu variés. Placé comme professeur de chimie à Upsal, il n’en sortit plus que pour faire quelques courses scientifiques dans les mines, et pour aller prendre les eaux lorsque sa santé lui en avait rendu le secours nécessaire.

Il eut l’honneur d’être élu recteur de l’université. Cette compagnie n’est pas seulement un corps littéraire : propriétaire de grandes terres sur lesquelles elle exerce une autorité très-étendue, jouissant d’une juridiction sur ses membres et sur les écoliers ; possédant un grand nombre de ces immunités, de ces privilèges, que dans les siècles qui nous ont précédés on regardait comme des encouragements, et qui ne servent qu’à décourager le talent, à ralentir l’activité en détruisant la concurrence, l’université d’Upsal est, au milieu de la Suède, une sorte de république. Les professeurs en sont les chefs ; et tandis