Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
166
ÉLOGE DE M. BERGMAN.


l’art d’en tirer des résultats est encore et peu connu et peu avancé, soit parce qu’elles assujettissent l’esprit à une marche trop simple et trop régulière, qui conduit à quelques vérités utiles, mais avec beaucoup de travail et très-peu de gloire ; au lieu qu’on peut obtenir à peu de frais une renommée plus brillante, en renfermant des demi-vérités ou même des erreurs dans des maximes vagues, mais imposantes, et en les embellissant des formes de l’éloquence.

Quoique M. Morand n’eût presque jamais pratiqué la médecine, il n’en était pas un membre moins zélé de la faculté. Il y a souvent présidé à des thèses, dont quelques-unes avaient pour objet des questions curieuses : telle est celle où il demande si les héros produisent des héros.

Cette question de la ressemblance des pères aux enfants, dans les qualités morales, est sûrement une des plus dignes d’occuper les physiciens et les philosophes ; mais il faudrait, pour la résoudre, avoir rassemblé un nombre d’observations d’autant plus grand, qu’il s’y trouve une source particulière d’incertitude à laquelle on ne doit pas sans doute attacher une importance trop grande, mais qu’il serait imprudent de négliger.

L’humanité, le zèle de M. Morand pour le bien public, ne lui permettaient pas de refuser ses secours toutes les fois qu’une maladie épidémique ou extraordinaire réclamait son assistance. Il donnait ses soins aux malheureux et à quelques amis ; il était même le médecin de trois communautés religieuses,