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ÉLOGE DE M. CASSINI.


d’observer les hauteurs solsticiales, d’après lequel il préfère celle qui consiste à prendre la distance du soleil à des étoiles fixes dans lesquelles on ne reconnaît point de mouvement propre qui puisse nuire à l’exactitude des déterminations, ou pour lesquelles la loi de ces mouvements est bien connue. Pendant plus de cinquante ans, il a cultivé l’astronomie dans un temps que la mesure des degrés du méridien, deux passages de Vénus sur le Soleil, si importants pour nous en apprendre la distance, une disparition de l’anneau de Saturne, l’application du calcul aux perturbations des planètes et aux mouvements de l’axe terrestre, l’introduction des méthodes analytiques dans les questions astronomiques, la découverte de plus de comètes qu’on n’en avait observé depuis l’origine des sciences, enfin celle d’une nouvelle planète, rendent une des époques les plus brillantes de l’astronomie, qui, par l’invention des lunettes achromatiques et de plusieurs instruments, acquérait dans le même temps des moyens nouveaux d’étendre les observations et de les faire avec plus d’exactitude ; et il est peu de ces objets si intéressants pour cette science, sur lesquels M. Cassini n’ait été utile par ses observations ou par ses recherches.

Il était d’un caractère franc et ouvert ; son âme paraissait inaccessible à la haine ; mais il était très-sensible à l’amitié, et son penchant semblait le porter de préférence vers les hommes dont il se serait éloigné, s’il avait pu connaître ce sentiment pénible que la supériorité des talents ou de la réputation réveille trop souvent. Il jouissait du succès des autres, non