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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/193

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ÉLOGE DE M. DE MILLY.


ses espérances au-dessus de l’avancement tardif et borné que l’on peut attendre du temps et des services ; mais il croyait remplir un devoir. Il avait peu d’ambition, et il trouvait des ressources contre le dégoût et contre l’ennui, dans son penchant pour les plaisirs de la jeunesse, et dans un goût plus vif encore pour les études sérieuses.

Dans la guerre de 1741, il se trouva aux batailles de Laufeld et de Raucoux ; et dans la guerre de 1756, à celles de Rosbach, de Crevelt et de Minden. L’année qui suivit cette dernière bataille, il entra au service de M. le duc de Wurtemberg, allié de la France ; et, en moins d’un an, il devint colonel, adjudant général, chambellan et chevalier de l’ordre de l’Aigle rouge. Mais ce qui fut plus important pour le bonheur du reste de sa vie, la fin de la guerre et le loisir dont jouissent si paisiblement dans les cours ceux que l’intrigue n’y occupe pas, permirent à son amour pour les sciences de se développer et de s’exercer. Le goût des arts, et le désir de servir l’humanité, le conduisirent à l’étude de la chimie. Lorsqu’il revint dans sa patrie, en 1771, il y rapporta un ouvrage très-détaillé, sur les procédés employés dans la fabrication de la porcelaine de Saxe ; et l’Académie jugea cet ouvrage digne d’entrer dans sa collection des arts.

11 obtint, à cette époque, l’agrément d’une charge de lieutenant des gardes-suisses de Monsieur, et le brevet de colonel. Depuis plus de dix ans il avait mérité et obtenu la croix de Saint-Louis ; il se crut permis alors d’abandonner la carrière militaire, pour