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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/198

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ÉLOGE DE M. DE MILLY.


eue avec ses confrères, lorsqu’il en vit plusieurs combattre ce qu’il avait avancé sur la revivification des chaux métalliques par l’électricité, il parut d’abord très-sensible à cette contradiction, mais il ne fit aucun effort pour soutenir son opinion, ne répondit pas aux objections, et laissa tranquillement à d’autres physiciens le soin de le défendre.

Né avec un tempérament robuste, et s’étant assujetti au régime pythagoricien dans toute sa rigueur, M. le comte de Milly paraissait devoir se promettre une longue carrière ; cependant nous l’avons perdu le 17 septembre 1784, à l’âge de cinquante-six ans seulement. Il avait appris ou découvert plusieurs remèdes particuliers ; et comme il ne se permettait pas de les donner à d’autres sans les avoir éprouvés sur lui-même, on a prétendu que ces essais avaient altéré sa constitution. L’enthousiasme qu’il montrait pour ces remèdes, dans les premiers moments, a donné lieu à cette opinion ; mais il savait bientôt les juger de sang-froid, et cette première chaleur n’était qu’une preuve de plus de sa bonne foi et de son zèle pour la conservation des hommes.

Si ceux qui l’ont peu connu étaient tentés de lui faire quelque reproche sur cet enthousiasme, l’estime dont il jouissait parmi nous suffirait pour en laver sa mémoire. On sait que, depuis son institution, l’Académie n’a cessé d’opposer un zèle infatigable à toutes ces merveilles si sagement couvertes, par leurs premiers inventeurs, des voiles du mystère, et qu’elle a regardé constamment le soin de s’élever contre elles et d’en détromper le public,