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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/208

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


de Choiseul et de Louise-Henriette de Beauvau.

M. de Praslin, très-jeune encore lorsqu’il entra au service, avait un esprit déjà trop formé pour regarder l’état militaire comme un métier auquel l’usage appelle tout gentilhomme français, où l’on peut, au prix de quelques dangers et de fatigues passagères, acquérir le droit de se livrer à la dissipation, au plaisir et même à la mollesse ; où enfin l’avantage de porter un grand nom dispense de tout, excepté d’avoir du courage.

Mais il sentit que toute profession impose le devoir d’acquérir des lumières, parce qu’il n’en est aucune où l’espèce d’instruction qui lui est propre ne serve à développer le talent, à en diriger l’emploi d’une manière plus utile : il vit que depuis le commencement du siècle dernier l’art de la guerre avait eu, comme toutes les connaissances humaines, des progrès qui devaient en faire prévoir de nouveaux ; et que si la loyauté et la bravoure suffisaient encore pour conduire aux honneurs et mériter l’estime publique, il fallait, pour aspirer à la gloire militaire, et pour s’illustrer par de grands services, éclairer une pratique constante de l’art par une étude assidue et réfléchie de ses principes.

Déjà on comptait M. le duc de Praslin dans le nombre des, jeunes officiers généraux qui donnaient les espérances les plus brillantes et les plus certaines, lorsque sa santé l’obligea de renoncer au service, et qu’à l’âge de trente-trois ans il eut la douleur de se voir réduit à un état de nullité absolue. C’était son expression, et elle montre qu’éloigné de toute am-