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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/222

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


jour le degré d’utilité dont elles sont susceptibles, les français devront au ministère de M. le duc de Praslin l’avantage de partager avec les Anglais la reconnaissance de toutes les nations navigatrices.

Un vaisseau français avait exécuté un voyage autour du monde, en 1720 ; mais la nation, alors trop peu occupée de ces objets, avait laissé dans une égale obscurité l’entreprise et le succès. M. le duc de Praslin chargea M. de Bougainville de la tenter une seconde fois ; et ce voyage est le premier où les navigateurs, en menant avec eux des naturalistes et des astronomes, aient essayé de rendre leur expédition utile aux sciences. Jusqu’à cette époque, les voyages, entrepris dans des vues de domination ou de commerce n’avaient encore servi qu’à flatter la vanité des peuples, aux dépens desquels des nations nouvelles apprenaient à redouter et surtout à haïr le nom de l’Europe. M. de Commerson était un de ces savants, et nous lui devons la connaissance de plusieurs milliers d’espèces nouvelles de plantes. M. l’abbé Pingré, M. l’abbé Chappe trouvèrent dans M. de Praslin les mêmes marques de zèle pour les sciences, et de considération pour ceux qui les cultivent, qu’ils avaient obtenues de M. le duc de Choiseul.

M. de Praslin avait senti qu’un des plus grands services qu’il pût rendre à nos colonies, était de leur donner une législation nouvelle. Il connaissait toute la difficulté de cette entreprise ; les commerçants de la métropole croyaient avoir droit d’exiger que