leur intérêt dictât les lois imposées aux colons ; et
cependant une loi ne peut être qu’injuste si elle
n’est pas faite pour l’utilité des hommes qui doivent
y être soumis. Une longue expérience a prouvé
que jamais un pays où l’esclavage est établi n’a
joui d’une législation paisible et modérée ; et la
destruction de la servitude des nègres, quoiqu’elle
fût aux yeux de M. Praslin un devoir de justice,
était à cette époque au-dessus du pouvoir d’un
ministre, et peut-être des lumières et des vertus
de la nation. Enfin, tous les préjugés de commerce,
de finance, de politique, semblaient s’être réunis
pour embrasser par des sophismes les principes
simples qui devaient servir de base à cette législation.
M. le duc de Praslin eut le courage de commencer
cet ouvrage difficile en lui-même, et dont
un ministre jaloux de conserver sa place eût craint
même de paraître s’occuper. Des jurisconsultes
habiles y ont longtemps travaillé d’après ses vues et
sous ses yeux. La durée trop courte de son ministère,
et sa sagesse, qui lui faisait un devoir de
n’adopter qu’un système de législation bien combiné,
l’ont seules empêché de rendre ce service à
la métropole, comme aux colonies ; car, aux yeux
de tout homme éclairé, elles n’ont qu’un seul et
même intérêt : c’est que la législation soit humaine,
soit juste, et qu’elle respecte, dans toutes les classes
d’hommes, les droits de la liberté.
Nous avons dit, dans l’éloge de M. de Maurepas, que, sous son ministère, le café transporté dans les îles de l’Amérique, y ouvrit une nouvelle source