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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/230

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ÉLOGE DE M. DE PRASLIN.


mort, causée par le dépérissement et la faiblesse, termina quarante ans de souffrance. Il mourut le 15 octobre 1785, âgé d’environ soixante-quatorze ans.

M. le duc de Praslin avait un esprit réfléchi et sérieux ; son extérieur était froid, son âme était calme ; il savait cacher les émotions et les peines qu’elle pouvait éprouver ; mais il était capable de sentiments tendres et constants : comme homme public, son accueil était réservé, pouvait même paraître sévère ; il promettait peu, parce qu’il respectait ses engagements ; donnait peu d’espérances, parce qu’il savait qu’on peut les prendre pour des promesses ; mais, sans dureté comme sans humeur, il montrait de la bonté aux malheureux, de l’estime et de l’intérêt aux gens de mérite, de la politesse à tous les autres. Il avait, avant d’être en place, des amis qu’il a conservés, auxquels, soit pendant son ministère, soit dans son exil, soit dans sa vie privée, il a témoigné les mêmes sentiments, et qui, dans ces différentes époques, lui ont montré un attachement toujours égal. Il en eut parmi les gens de la cour, dont plusieurs, employés par lui dans des ambassades importantes, ont fait honneur à son choix ; et ceux qui lui ont survécu, fidèles à sa mémoire, ont bien voulu m’aider à lui rendre un faible hommage. Il en eut, parmi les hommes attachés à ses départements, qui m’ont offert les mêmes secours avec un intérêt vif et tendre, que le seul devoir, uni même à la reconnaissance, ne peut inspirer. Il était aimé de ses enfants, des personnes