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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/241

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


montrait pour les sciences, il l’avait dès sa plus grande jeunesse associé à ce travail, pour lequel les lumières d’un chimiste sont plus nécessaires, peut-être, que M. Guettard lui-même ne le pensait : il y attachait un grand prix, mais c’était pour désirer que son entreprise ne fût point abandonnée, plutôt que pour s’en assurer la gloire exclusive ; une fois certain d’avoir un successeur, il sembla se reposer sur lui du soin de continuer l’ouvrage, et même de le perfectionner.

Il serait à désirer qu’au lieu de la connaissance très-utile, mais vague encore, qui résulte de cartes ainsi construites, on trouvât, soit par un usage de signes plus compliqués, soit par quelque autre méthode, le moyen de représenter non-seulement deux des substances qui appartiennent à un même lieu, mais la suite des substances principales qu’on y rencontre, suivant l’ordre de profondeur où elles se trouvent ; que des coupes habilement choisies et jointes à chaque carte indiquassent la disposition de ces substances entre elles, et missent à portée de saisir véritablement l’ensemble d’un pays et sa constitution minéralogique. Un jour, sans doute, de telles cartes seront exécutées pour toutes les parties du globe, et c’est alors seulement qu’on pourra déterminer les lois générales que la nature a suivies dans la distribution des substances minérales. Pour remonter ensuite de ces lois à la connaissance des causes de cette distribution, et donner une théorie de la terre, il restera encore un pas immense à franchir ; mais, pour le franchir avec succès, pour ne pas s’exposer