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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/242

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


à ne retirer de ses efforts d’autre fruit qu’une chute honteuse, il faut pouvoir s’aider de ces matériaux épars, de ces résultats minutieux d’une recherche pénible que M. Guettard s’occupait à rassembler : et il a plus fait pour avancer la véritable théorie de la terre, sur laquelle il n’a jamais osé se permettre une seule conjecture, que les philosophes qui ont fatigué leur génie à imaginer ces brillantes hypothèses, fantôme d’un moment, que le jour de la vérité fait bientôt rentrer dans un néant éternel.

Les voyages de M. Guettard, et surtout le plan qu’il s’était formé, non d’étudier les objets d’histoire naturelle que les recherches des savants avaient déjà indiqués à la curiosité des voyageurs, mais de tout voir, de tout examiner dans les pays qu’il parcourait, furent pour lui l’occasion d’une découverte importante.

Il observa le premier, en 1755, que les montagnes d’Auvergne étaient des volcans éteints. Il allait à Vichy avec M. de Malesherbes, autrefois son condisciple, depuis son ami. Un goût commun pour l’histoire naturelle, l’amour de la liberté, la franchise, l’oubli absolu de toute ambition, le même mépris pour toutes les chaînes dont l’usage accable l’homme de la société, avaient formé entre eux une liaison intime que les différences d’opinions, de caractère, d’occupations n’avaient pu briser. A Moulins, M. Guettard remarque une borne formée d’une pierre noire ; il croit la reconnaître pour une lave, et demande d’où vient cette pierre : on lui dit qu’elle vient de Volvic. Volcani vicus, s’écria-t-il sur-le-