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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/245

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


de l’histoire naturelle, qui tous renferment des observations précieuses par leur précision et par la fidélité avec laquelle l’auteur les a présentées.

En 1748, M. le duc d’Orléans, retiré à Sainte-Geneviève, s’attacha M. Guettard en qualité de naturaliste. Ce prince alliait, à la plus grande dévotion, un goût très-vif pour les sciences physiques et pour les arts qui en dépendent. Il trouvait en M. Guettard tout ce qu’il pouvait désirer dans un homme destiné à partager sa solitude : de grandes connaissances dans toutes les parties de l’histoire naturelle, des opinions religieuses qui se rapprochaient des siennes, enfin une piété dont ses actions ne permettaient pas de soupçonner la sincérité. M. le duc d’Orléans avait quitté le monde pour s’épargner le spectacle de l’hypocrisie plutôt encore que celui du scandale ; il savait avec quelle facilité, auprès des princes religieux, le désir de leur plaire multiplie l’alliance révoltante des pratiques de dévotion et d’une conduite licencieuse, des apparences du zèle avec les fureurs de l’orgueil et de l’envie, des discours où l’on exagère la morale avec des sentiments et des actions qui en offensent les principes et les règles : il avait prévu quelle foule de vices sa vertu même pourrait faire naître autour de lui, et il avait fui dans la retraite.

On voit dans nos Mémoires qu’il suivit la plupart des travaux de M. Guettard, que plusieurs ont été entrepris d’après ses vues : il aimait en lui cet amour des sciences, purifié par l’indifférence pour la renommée, et cette franchise, souvent un peu