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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/244

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ÉLOGE DE M. GUETTARD.


embrasements successifs ; il a fait voir que des terrains aujourd’hui paisiblement cultivés, ont étéplus d’une fois couverts de ces torrents enflammés à des époques distinctes et très-éloignées entre elles.

Souvent on est injuste envers les auteurs de ces découvertes dues à la seule observation, on les attribue au hasard ; c’est lui, dit-on, qui a conduit l’observateur dans cette contrée, qui a mis sous ses yeux cet objet ou ce phénomène ; pour le voir, il ne fallait que les ouvrir. Mais pourquoi d’autres hommes, non moins éclairés, qui avaient parcouru les mêmes pays, n’avaient-ils rien aperçu ? Il faut donc reconnaître, dans ces observateurs plus heureux, quelque chose de plus que l’instruction et la patience à observer ; il existe donc pour les sciences des faits, comme pour les sciences de combinaisons, des qualités qui constituent le véritable talent. Dans celles-ci, une attention plus forte qui se concentre sur un seul objet ; dans les autres, une attention plus continue, qui, en se partageant, est partout présente, et ne laisse rien échapper. Dans les premières, une force de tête capable de rassembler un grand nombre d’idées, et d’en saisir à la fois tous les rapports ; dans les secondes, un tact sûr et rapide qui avertit que tel objet n’a pas encore été décrit, que tel phénomène mérite d’être étudié.

Nous terminerons ici cette esquisse des travaux de M. Guettard : nous n’avons cité que ceux qui ont mérité une place dans le système des connaissances humaines, et nous nous bornerons à indiquer près de deux cents mémoires sur toutes les parties