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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/253

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ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.


ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.


Jean-Paul de Gua de Malves, prieur de Saint-George-de-Vigou, de la Société royale de Londres ; pensionnaire de l’Académie des sciences, naquit en Languedoc, vers 1712, de Jean de Gua, baron de Malves, et de Jeanne de Harrugue.

Sa famille fut, comme tant d’autres, la victime des fausses spéculations et des opérations violentes qui ont donné au ministère passager de Law une si triste immortalité. Il ne resta rien au baron de Malves de son ancienne fortune, et toutes ses terres de Languedoc furent vendues.

Témoin, dans ses premières années, de l’opulence de sa famille et de l’événement qui la lui avait ravie, M. l’abbé de Gua devait être naturellement porté à regarder la médiocrité comme un malheur, et à chercher les moyens de se rapprocher d’un état dont les avantages avaient ébloui son enfance. C’est par là sans doute que nous pouvons expliquer comment un homme désintéressé, qui savait supporter les privations, et à qui enfin un esprit profond et subtil, capable des plus grands efforts et de la patience la plus infatigable, offrait tant d’occupations attachantes et glorieuses, put cependant consommer une partie de sa vie à faire des projets pour s’enrichir, et n’en fut que plus malheureux.

Gentilhomme et prêtre, il pouvait, en suivant la route commune, parvenir aux dignités ecclésiastiques ; mais il aimait les sciences plus que la fortune, et voyant avec douleur que le préjugé ou la politi-