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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/259

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ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.

En 1745, M. l’abbé de Gua demanda et obtint le titre d’adjoint vétéran. Dans une discussion élevée à l’Académie entre lui et un de nos anciens confrères, il eut le malheur de montrer une vivacité que, malgré la juste estime de la compagnie pour ses talents et son caractère, elle ne put s’empêcher de désapprouver. Quelque temps après, il se présenta pour une place d’associé alors vacante ; un autre lui fut préféré, et par une délicatesse exagérée, sans doute, M. l’abbé de Gua crut devoir solliciter la vétéran ce avec le titre dans lequel il lui paraissait que ses confrères voulaient le confiner. Il lui en coûta pour relâcher ainsi les liens qui l’unissaient à un corps auquel il était attaché avec la force que son caractère donnait à toutes ses affections, et cette espèce de séparation, qui cependant n’était pas absolue, fut à la fois une perte pour les sciences et un malheur pour lui. Dominé par sou imagination, un peu porté vers les opinions extraordinaires, il avait besoin que les conseils de ses confrères empêchassent son talent de s’égarer, et l’obligeassent de suivre des routes où il pouvait l’employer utilement pour sa gloire et pour le progrès des sciences.

Ce fut à peu près vers le même temps que les libraires qui avaient le privilège de la traduction de l’Encyclopédie anglaise, s’adressèrent à lui pour présider à la correction de ce qui était défectueux dans l’ouvrage de Chambers, et aux additions que de nouvelles découvertes rendaient nécessaires. Il était difficile qu’il ne s’élevât des discussions fréquentes entre un savant qui n’envisageait dans cet ouvrage