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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/258

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ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.


tellement, se diriger ou se corriger réciproquement, et qu’il serait utile de savoir manier avec une égale facilité.

On trouve, à la tête du même mémoire, une histoire de la théorie des équations, où l’auteur a réuni une grande érudition à une critique éclairée ; il y venge encore Descartes de l’injustice de Wallis, qui semble n’avoir écrit son histoire de l’algèbre que pour faire honneur à son compatriote Harriot, de toutes les découvertes de Viete et de Descartes.

Descartes, dont le sort fut d’avoir successivement pour détracteurs et pour partisans les gens à préjugés et les hommes éclairés, mérite que la reconnaissance de tous les savants, de tous les amis de l’humanité, veille éternellement sur sa gloire. C’est à son application de l’algèbre à la géométrie, à sa méthode de résoudre les problèmes par la recherche des formes analytiques auxquelles il faut ramener leurs équations, que nous devons la révolution qui s’est faite dans les mathématiques, et par une suite nécessaire, dans toutes les sciences naturelles. Si, parmi ses contemporains, d’autres géomètres ont eu un génie égal, aucun ne l’a signalé comme lui par des découvertes dont tous les siècles doivent sentir à jamais l’heureuse influence. Il faut donc savoir quelque gré à M. l’abbé de Gua de son zèle pour la mémoire d’un de nos plus grands hommes ; tant d’autres semblent ne rendre justice au génie qu’à proportion de la distance où la nature l’a placé de leur pays et de leur siècle !