Aller au contenu

Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
252
ÉLOGE DE M. L’ABBÉ DE GUA.

Jusqu’ici nous n’avons vu dans M. l’abbé de Gua qu’un philosophe occupé de projets et de travaux utiles, et un géomètre qui, dans un très-petit nombre d’ouvrages, a donné des preuves de ce talent original, si rare et si précieux pour les sciences, où il est souvent nécessaire qu’on ose s’éloigner des routes fréquentées. Il nous reste une tâche plus difficile à remplir, il nous faut parler de ses malheurs, qu’il s’est attirés peut-être en partie, mais qu’il n’a point mérités, et qui n’ont montré en lui que des défauts dont on doit le plaindre, et des qualités qui doivent l’honorer.

Il s’imagina malheureusement, qu’en appliquant à des objets utiles au gouvernement, ses talents et les connaissances très-variées et très-étendues qu’il avait acquises, il pourrait, appuyé par une protection très-puissante que ses amis lui avaient procurée, s’avancer dans le chemin de la fortune, jusqu’alors fermé pour lui.

Mais il suffit de lire les mémoires qui renferment ses projets, pour voir combien l’art de réussir lui était étranger ; et l’eût-il connu dans la théorie, il n’est pas vraisemblable qu’il eût jamais ni pu, ni voulu le pratiquer : il ne savait ni tromper, ni paraître dupe, ni attendre, ni souffrir.

Son premier projet avait pour but de perfectionner le travail par lequel on ramasse l’or mêlé au sable de plusieurs rivières de Languedoc et du pays de Foix ; de chercher, soit dans leur lit, soit dans les campagnes voisines, les dépôts les plus riches qu’elles peuvent avoir formés, ou la mine dont