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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/287

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ÉLOGE DE M. BOUVART.


avait donné un premier médecin, dont les descendants ont occupé, dans la magistrature et dans l’administration, des places importantes où ils se sont distingués par des qualités qui semblent attachées à leur nom, les lumières, l’amour des devoirs, le désintéressement, la simplicité des mœurs et la probité.

M. Bouvart se préparait à suivre, dans sa ville natale, la profession de ses ancêtres ; c’est là que, chargé d’un hôpital peu considérable, il a commencé à s’instruire dans la pratique, avec d’autant plus d’avantage, que le petit nombre de malades qu’il traitait à la fois, lui laissait le loisir de suivre dans chacun d'eux les symptômes des maladies et les effets des remèdes, ne lui offrait qu’autant de faits qu’il pouvait en observer avec précision, et lui en montrait assez pour donner une base solide et sure aux résultats généraux qui devaient former son expérience et diriger sa pratique. M. de Genne, son compatriote et son ami dès l’enfance, vint exercer ses talents dans le barreau de la capitale, et M. Bouvart le suivit bientôt après : c’était à Paris qu’il avait appris les sciences médicales, il y avait ajouté le fruit d’une lecture immense, et celui d’une expérience éclairée par les conseils et les exemples de son père. L’utilité d’avoir un père pour guide est inappréciable dans une étude où le maître doit puiser ce qu’il enseigne, non dans les théories qu’il s’est rendues propres, mais dans son expérience, dans des souvenirs souvent fugitifs et minutieux qui embrassent toute sa vie. Les fautes d’un médecin instruisent