reur de leur jeunesse ou de leur vanité. M. Bouvart fut plus heureux : malgré de premiers succès qui ne l’éblouirent pas, il sentit que la facilité d’acquérir les connaissances les plus vastes et les plus variées, n’est pas toujours accompagnée du talent des découvertes, et il voulut se réserver tout entier pour la carrière où il sentait qu’il pourrait se placer au premier rang : il y parvint bientôt. Doué d’une sagacité singulière qui lui faisait deviner une maladie que des médecins habiles avaient longtemps méconnue, et d’un coup
d’œil qui quelquefois lui découvrit, en approchant
par hasard d’un malade, un danger qu’on ne soupçonnait
pas, et dont il indiquait à l’instant la cause et le
remède, il fut dispensé d’attendre du temps et de la
mort des praticiens célèbres, la place qu’il devait occuper.
Mais en abandonnant la culture des sciences, il renonça aux avantages qu’il avait obtenus et mérités ; il remit sa chaire au collège royal ; il demanda le titre d’associé-vétéran de l’Académie des sciences. Son absence, quoique excusée par des services publics, ne lui permettait d’espérer qu’une tolérance contraire aux règlements, et une récompense enlevée à ceux qui, par la nature de leurs travaux, y avaient un droit plus légitime ; l’élévation de son caractère ne lui permettait pas de profiter de l’une, ni sa probité d’accepter l’autre.
Forcé de voir chaque jour un grand nombre de malades dispersés dans une ville immense, de suivre à la fois les symptômes et la marche de vingt maladies, de se rappeler à chaque visite l’histoire en-