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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/290

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ÉLOGE DE M. BOUVART.


tière de chacune, de prendre un parti prompt sur les accidents imprévus, d’employer l’intervalle de ses visites à méditer sur les remèdes qu’il faut opposer aux accidents qu’il prévoit, de faire, dans le peu d’heures qui lui restent, des recherches sur les cas extraordinaires, qui, dans une pratique si étendue, se rencontrent si souvent ; obligé, au milieu de ces fonctions pénibles, de retenir les mouvements qu’excite dans son âme le spectacle de la misère et de la douleur réunies, et d’isoler en quelque sorte sa raison de son cœur, pour avoir la force de combiner dans une méditation tranquille les moyens de soulager les maux dont la vue l’afflige et le trouble ; appelé dans des consultations fréquentes, où il faut trouver sur-le-champ des armes pour combattre des erreurs défendues par un amour-propre directement attaqué ; recevant de toutes les parties de la France, ou même de l’Europe, une foule de questions auxquelles il faut répondre sans délai, un médecin livré à la pratique a d’autant moins le temps de composer des ouvrages, qu’il jouit d’une célébrité plus grande ; aussi ceux de M. Bouvart sont-ils en très-petit nombre.

On ne trouve de lui qu’un seul mémoire dans les recueils de l’Académie. M. Tennent ayant observé quelque analogie entre les effets de la morsure du serpent à sonnettes et les symptômes de la pleurésie, avait imaginé d’employer dans cette maladie le polygala de Virginie, connu par les sauvages pour une espèce de spécifique contre la morsure de ce serpent. Ses tentatives furent assez heureuses en Amé-