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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/291

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ÉLOGE DE M. BOUVART.


rique : M. Bouvart les répéta en France, et, en faisant à la manière d’administrer ce remède quelques changements indiqués par l’observation et la théorie médicale, il parvint à en rendre l’usage plus utile et plus sûr : cette même racine ne lui réussit pas moins dans l’hydropisie.

On sera peut-être étonné qu’un remède regardé par M. Bouvart comme très-puissant dans deux maladies aussi graves, et sur les succès duquel le témoignage d’un médecin aussi éclairé, d’un homme aussi sage, aussi ennemi de l’exagération et des nouveautés, ne pouvait laisser aucun doute, soit absolument tombé dans l’oubli. M. Bouvart s’était-il trompé ? ou plutôt ne doit-on pas accuser du peu d’usage de ce remède utile, nos institutions, qui ont séparé en plusieurs fonctions distinctes les diverses professions que réunissaient les médecins de la Grèce et de Rome ? Les médecins n’ordonnèrent plus le polygala, parce que la petite quantité qu’on leur en avait envoyée d’Amérique était épuisée ; et on n’en fit pas venir, parce que ce remède était encore trop peu répandu pour devenir un objet de commerce. On peut attribuer en grande partie à cette même cause la lenteur avec laquelle d’autres remèdes se sont répandus, et le long espace de temps pendant lequel quelques-uns sont restés entre les mains des empiriques ; car partout on retrouve des traces du mal qu’ont produit ces corporations, ces classifications multipliées de l’espèce humaine, suite autrefois nécessaire de l’état politique des sociétés en Europe, mais dont il serait temps de soumettre enfin l'u-