les plaisanteries caustiques, sur les railleries mordantes dont il accable son adversaire, cette gaieté et
ces grâces qui seules peuvent les faire pardonner ;
car, malgré toute la malignité qu’on suppose aux
hommes, pour que les traits satiriques les amusent
sans les révolter, il ne faut pas qu’on s’aperçoive
que celui qui les lance haïsse ses victimes. Mais il
est un autre mérite sans lequel les critiques n’ont
qu’un succès éphémère, celui d’intéresser, même
lorsque le sujet de la dispute a disparu, et l’ouvrage
de M. Bouvart a ce mérite. Il ne renferme
qu’un petit nombre de pages sur la méthode employée
dans l’hôpital de la Charité pour traiter la
colique du Poitou ; et l’exposition raisonnée de ce
traitement est un chef-d’œuvre de précision, un modèle
de la logique qui doit diriger la pratique d’un
médecin, et de la manière dont on peut employer
le raisonnement en médecine, sans se perdre dans
des hypothèses.
Quelques années après, M. Bouvart fut consulté sur la légitimité d’un enfant né dix mois dix-sept jours après la mort du mari de sa mère, mort qui avait été précédée d’une maladie de quarante jours. M. Bouvart se déclara contre cette naissance tardive, et bientôt il eut à combattre deux célèbres anatomistes de cette Académie, MM. Bertin et Petit. Deux questions principales se présentaient à résoudre, l’une physique et l’autre morale. La nature a-t-elle renfermé le temps de la gestation dans des limites précises ? Il semble qu’il eût fallu décider cette première question d’après des observations exactes sur