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ÉLOGE DE M. EULER.

La question de déterminer les courbes ou les surfaces pour lesquelles certaines fonctions indéfinies sont plus grandes ou plus petites que pour toutes les autres, avait exercé les géomètres les plus illustres du siècle dernier. Les solutions des problèmes du solide de la moindre résistance, delà courbe de plus vite descente, de la plus grande des aires isopérimètres, avaient été célèbres en Europe. La méthode générale de résoudre le problème était cachée dans ces solutions, et surtout dans celle que Jacques Bernoulli avait trouvée pour la question des isopérimètres, et qui lui avait donné sur son frère un avantage que tant de chefs-d’œuvre, enfantés depuis par Jean Bernoulli, n’ont pu faire oublier. Mais il fallait développer cette méthode, il fallait la réduire en formules générales ; et c’est ce que fit M. Euler, dans un ouvrage imprimé en 1744, et l’un des plus beaux monuments de son génie. Pour trouver ces formules, il avait été obligé d’employer la considération des lignes courbes ; quinze ans après, un jeune géomètre (M. de La Grange), qui dans ses premiers essais annonçait un digne successeur d’Euler, résolut le même problème par une méthode purement analytique : M. Euler admira le premier ce nouvel effort de l’art du calcul, s’occupa lui-même d’exposer la nouvelle méthode, d’en présenter les principes, et d’en donner le développement avec cette clarté, cette élégance qui brillent dans tous ses ouvrages ; jamais le génie ne reçut et ne rendit un plus bel hommage, et jamais il ne se montra plus supérieur à ces petites passions que le partage d’un