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Page:Condorcet - Œuvres, Didot, 1847, volume 3.djvu/306

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ÉLOGE DE M. DE LASSONE.


ÉLOGE DE M. DE LASSONE.


Joseph-Marie-François de Lassone, premier médecin du roi et de la reine ; docteur régent de la Faculté de médecine de Paris ; de l'Institut de Bologne ; de l’Académie de médecine de Madrid ; de la Société de médecine, et pensionnaire vétéran de l’Académie des sciences, naquit à Carpentras, le 3 juillet 1717, d’Antoine-Joachim de Lassone et de Marguerite de Bagnole.

Le père de M. de Lassone n’avait accepté la place de médecin ordinaire du roi, et quitté le Comtat Venaissin sa patrie, que pour procurer à son fils ces instructions des grands maîtres que la capitale seule peut offrir, et cependant ne pas le soustraire aux regards paternels , encore plus difficiles à remplacer.

Le succès répondit à la sagesse de ces vues ; et à vingt-cinq ans M. de Lassone entra comme anatomiste à l’Académie des sciences.

Il ne devait pas cet honneur à son opiniâtreté dans le travail : plus d’une fois sa famille avait été alarmée de son goût pour les plaisirs de son âge, et chaque fois il la rassurait par quelque ouvrage qui lui méritait une couronne académique ou l’estime de ses maîtres. Ces alarmes furent surtout très-vives, lorsque ses parents apprirent qu’il était de la société de cette actrice célèbre par sa beauté, dont le nom, lié à celui de Zaïre, est devenu immortel. On sut qu’il avait même fait une comédie, on en exigea le sacrifice : il se soumit, et jamais depuis